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Les Chroniques du placard
8 janvier 2012

Récit d'une gestation... de don

C'est l'histoire d'une petite meuf.
Ni moche, ni belle, ni grosse, une meuf banale comme il en existe plein partout...
La meuf c'est moi : plus très jeune, pas encore trop vieille (ça c'est pour compléter le portrait tout en restant flou), et une pêche comme vous ne pouvez pas imaginer.
Une vie banale dans un bled banal : mariée après huit années de combat, deux enfants beaux comme des anges, une grande maison et un potager à vous donner envie de tout quitter, surtout le boulot.
Mon boulot : sur une chaise à roulettes, devant deux PC et trois écrans, avec Google Earth, une vidéo et un plan, je reproduis les paysages du monde entier avec des images de synthèse. La reine du virtuel, la championne du toc, une pro du creux.

Et au creux du ventre, une envie de plénitude, le désir de faire enfin quelque chose de bien, quelque chose d'utile.

Tout à commencé pendant ma seconde grossesse. Un peu comme une envie de fraises ou de saucisson au chocolat, une idée d'abord, qui vous trotte dans la tête pendant quelques instants, et qui revient le lendemain, et encore, et encore.
Finalement le temps fait son oeuvre et l'idée s'estompe, le quotidien vous rappelle à l'ordre. Biberons, couches, lessives, médecin. Le lendemain rebelote. Le mois suivant on fait les cartons, on déménage. Les travaux, les vacances, le grand à l'école, congé parental.
Ca sonne comme un glas, le congé parental, un drôle de choix en vérité. C'est une parenthèse de soi, trois années de renoncement pour l'amour d'un petit être qui exige tout, tout de suite, tout le temps. Une forme de masochisme aussi.
Et pourtant... quel bonheur de partager chaque instant, de respirer à l'unisson avec ce petit "moi" qui n'est pas moi. J'ai passé trois années d'harmonie avec ma fille, faites de jeux, câlins et d'aventures modestes à la découverte du monde.
Un paradoxe immense que ce congé "marental", qui ne me laisse que des regrets d'ordre professionnels: i will survive.

Mais le suspense faiblit, revenons à mon mouton. Et voilà que mon idée revient, à l'occasion d'une émission TV (que j'ai râtée par ailleurs) et d'une actualité de proximité : ma belle-soeur qui attend sa grossesse, une collègue qui échoue sa seconde FIV.
Alors je me lance, je tape sur Google "don ovocytes" et voilà trois pages qui me tombent dessus. Je choisis un forum d'information et d'entraide, je croise quelques blogs atroces de douleur, de tristesse, de désespoir. Cela me conforte, je suis au bon endroit, il y a du travail pour moi.
Pendant une année je lis, je pose des questions, j'engage une démarche auprès du CECOS.
Sur ce forum, je fais des rencontres inoubliables de femmes battantes, pleines d'énergies. Leur volonté farouche de réussir à porter un enfant, leur enfant, même au prix d'un abandon de leur héritage biologique. Des femmes blessées aussi, détruites par la mort d'un bébé, par la mutilation de leur corps après le cancer. Le Distilbène, la ménopause précoce à vingt ans. Tant de causes, et une seule solution : bénéficier d'un don d'ovocyte.

Plus résolue que jamais, j'ai validé la suite du processus été 2008 : deux prises de sang pour une étude génétique approfondie, un entretien avec un psychologue, une échographie de contrôle, un entretien avec un anesthésiste.
Ces  rendez-vous m'ont coûté deux après-midis de congé. Ensuite la stimulation ovarienne se résume à des injections d'hormones en sous-cutanée pendant deux semaines, avec en parallèle trois échographies de contrôle et autant de prises de sang. J'ai fait mes injections moi-même, j'ai beaucoup pensé aux diabétiques qui le font toute leur vie durant.
La ponction a eu lieu fin septembre au CHU, elle a donné dix ovocytes qui ont été partagés entre deux receveuses.
Je rappelle qu'en France le don est gratuit et anonyme. Je n'ai pas touché d'argent, les traitements ont été fournis par l'hôpital, et je n'ai aucune information sur ce qui est arrivé ensuite...
J'espère seulement qu'en ce moment deux femmes se caressent le ventre avec un sourire de tendresse.

Voilà c'était l'histoire d'une p'tite meuf, qui a donné une p'tite cellule pour une autre meuf. J'ai enfin le sentiment d'avoir été utile, d'être comblée, et en même temps j'avoue avoir un grand vide aussi après la fin de cette aventure.

On en pense ce qu'on veut, mais au moins on sait que ça existe, et surtout que ça peut arriver à n'importe qui.
On prend la peine de lire et de se documenter avant de juger. On peut poser plein de questions, si je peux vous répondre ce sera avec grand plaisir.
Je n'ai pas de leçon à donner, je n'écris pas pour me faire mousser, surtout pas, c'est juste un appel à la compassion. Lisez les chiffres donnés par l'agence de bio-médecine, regardez autour de vous. Il faut donner, et pas que de l'amour.

Voici le lien de l'agence de bio-médecine, c'est un bon début, utile à la réflexion.
http://www.dondovocytes.fr/

Ici un forum d'information, d'échanges et surtout de soutient auprès des receveuses, mais également des donneuses :
http://ombredufiguier.do-forum.com/

Sous le pseudo de Mel, je serai heureuse de vous y accueillir.

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Commentaires
C
Ce texte a été publié pour la première fois sur le forum du site cyreal.com en novembre 2008.<br /> <br /> Il s'agit explicitement d'un appel au don.
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